Monsieur le Président,
Par la présente nous souhaitons revenir sur votre décision d’accompagner et de concrétiser l’implantation de la première usine Huawei hors de Chine, sur le site du Business Parc de Brumath.
Les débats tels qu’ils se sont déroulés, et tels qu’ils ont été relatés jusqu’à présent, ont principalement tourné autour des questions environnementales, en lien avec le déploiement de la 5G sur notre territoire. La question des emplois a aussi été mise dans la balance ; de 500 emplois annoncés au départ, il ne serait plus question que de 300 postes, avec au grand maximum 80% d’emplois locaux. Mais outre ces aspects, un enjeu loin d’être anodin est venu se rajouter aux considérations ; la problématique géostratégique avec les soupçons de velléités d’espionnage des sites militaires proches, notamment le site d’Haguenau avec son 54erégiment de transmissions et le second régiment de hussards ou encore le 44e régiment de transmissions de Mutzig. Plusieurs personnes qualifiées ont tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet.
Mais surtout, cet accueil, présenté comme un succès de la stratégie économique de notre région, est d’ores et déjà entaché de l’épuration ethnique à l’œuvre dans le Xinjiang, en attestent une surveillance de masse et des opérations de détentions arbitraires des populations Ouïgours imposées par le régime chinois. Et il s’avère que l’entreprise Huawei a précisément et sciemment participé à l’élaboration d’une technologie de reconnaissance faciale visant à surveiller la minorité musulmane. Sans oublier les présomptions de recours au travail forcé de la firme et d’autres entreprises dans les camps de « rééducation politique ».
Aussi, nous considérons qu’il n’est pas trop tard pour faire machine arrière. Il s’agit de l’essentiel, de droits humains élémentaires bafoués par un régime dictatorial et ses agents économiques parfaitement insérés dans la mondialisation. Et nous ne parlons même pas de la situation à Hong Kong et au Tibet, où l’arbitraire et la répression se poursuivent.
Saurez-vous vous replacer à la hauteur des événements plutôt que de passer sous silence les valeurs humanistes si profondément attachées à notre Région et à notre République ?
Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce silence assourdissant sur le sort réservé à 10 millions d’habitants du Xinjiang.
Vous pouvez encore éviter d’être indirectement complice de telles atrocités.
Dans l’attente d’une décision forte,
Veuillez, Monsieur le Président, agréer nos salutations les plus distinguées.
Les élu.e.s signataires:
Nadia EL HAJJAJI, conseillère municipale de Mulhouse, conseillère d’agglomération
Alexandre FELTZ, adjoint au maire de Strasbourg, conseiller eurométropolitain
Jonathan HERRY, conseiller municipal délégué de Strasbourg, conseiller eurométropolitain
Aurélie KOSMAN, conseillère municipale déléguée de Strasbourg, conseillère eurométropolitaine
Marina LAFAY, conseillère municipale déléguée de Strasbourg, conseillère eurométropolitaine
Armand MARX, conseiller municipal d’Haguenau, conseiller d’agglomération
Loïc MINERY, conseiller municipal de Mulhouse, vice-président de Mulhouse Alsace agglomération
Caroline REYS, conseillère municipale de Sélestat, conseillère communautaire
Les associations signataires :
Étudiants pour un Tibet Libre,
Liberté au Tibet, Agnès Charron,
MAN Centre Alsace (Mouvement pour une Alternative Non-violente),
Agir pour les droits de l’Homme (ADH),
Association des Citoyens du Monde.
Les partis politiques :
Place Publique 67,
Alternative Alsacienne,
EELV Alsace,
Génération.s Alsace.
Copie à Monsieur Claude STURNI, Maire de Haguenau et Président de la Communauté d’agglomération de Haguenau