Pas d’autos entre la place Brant et le quai Finkwiller, des zones de rencontre de part et d’autre : c’est ainsi que Jeanne Barseghian et Jean Werlen, co-présidents de groupe « Écologistes et Citoyens » au conseil, envisagent le futur des quais sud.

« A l’instar de la belle aventure du tram qui, depuis 25 ans, a profondément métamorphosé l’agglomération strasbourgeoise, c’est une nouvelle transformation qui se dessine aujourd’hui pour l’ensemble de ses habitants. Lieu à l’architecture et au patrimoine remarquable, les quais sud de l’ellipse insulaire pourraient former un cadre idéal pour les rencontres entre les habitants, s’il n’était pas entaché d’un flux ininterrompu de véhicules qui en fait actuellement plus un petit périphérique qu’un lieu de convivialité. Les déplacements quotidiens à la Krutenau comme sur le quai Finkwiller y sont rendus difficiles et les piétons et cyclistes, pourtant nombreux, voient leur espace réduit à la portion congrue.

De part et d’autre des quais, c’est d’abord un enjeu de sécurité qui se joue dans ce quartier. Beaucoup d’écoliers, de lycéens, d’étudiants, de clients des commerces, de touristes, de travailleurs et de familles y circulent chaque jour. Des centaines d’enfants et de jeunes se rendent quotidiennement aux lycées Pasteur, Jean-Geiger, Fustel de Coulanges, au collège Saint-Étienne, et à l’école maternelle et primaire Sainte-Madeleine. Ce constat serait à lui seul un argument décisif pour la rénovation des quais. Plusieurs évolutions s’imposent : sécuriser les piétons et les cyclistes, faciliter le passage des écoliers d’une rive à l’autre et améliorer l’accessibilité des commerces.

Mettre fin au transit automobile

Au-delà de la question de la sécurité, notre objectif doit également être de réduire fortement les pollutions de l’air et le bruit. C’est un impératif de santé publique !

Ainsi, la première nécessité consiste à mettre fin au transit incessant de véhicules entre la place Brant et le quartier du Finkwiller. Il ne s’agit pas de reporter “ailleurs” une partie de ce trafic, mais bien de l’éviter, en faisant évoluer les pratiques au bénéfice des piétons et des vélos. Encore aujourd’hui, à Strasbourg, 50 % des déplacements en automobile font moins de deux kilomètres, la marge de progression existe !

Entre le pont du Corbeau et le pont Sainte-Madeleine, le quai pourrait être réservé aux piétons, aux vélos et éventuellement aux transports en commun. Au-delà, les quais seraient des “zones de rencontre”. Cette proposition permettrait à la fois une desserte du centre-ville pour les véhicules tout en permettant une réappropriation paisible de l’ensemble de ces espaces de la ville.

Les changements génèrent parfois des crispations, et c’est normal ! Les commerces cristallisent souvent les inquiétudes et il faut les entendre. Pourtant, partout où des zones piétonnes ou de rencontre ont été mises en place, le chiffre d’affaires des commerces en place a augmenté, profitant de l’augmentation du temps de passage des clients. Quant au stationnement, les faits sont têtus : en dehors du marché de Noël, des places sont toujours disponibles dans les parkings des Bateliers ou Austerlitz.

Souvenons-nous : il y a peu, les places du Marché à Neudorf ou Saint-Thomas avaient comme seul usage le stationnement automobile ; aujourd’hui, ce sont des lieux du vivre ensemble et de convivialité au bénéfice de chacun. Tous les habitants, tous les commerçants portent aujourd’hui un regard positif sur ces évolutions. Cela montre que nous pouvons changer nos habitudes !

Convivialité et vivre ensemble

Le réaménagement des quais pose enfin la question du partage de l’espace public. C’est pourquoi nous souhaitons que de nouvelles formes d’expression culturelle et de convivialité puissent s’y développer autour des berges et de l’eau, tout en laissant suffisamment de place à la biodiversité et aux trames vertes et bleues.

Les citoyens ont été nombreux à s’investir dans ce débat public et c’est fondamental pour construire une ville où le vivre ensemble est fondé par ses habitants. Mais nous devons aussi penser à celles et ceux qui n’ont pas pu contribuer et imaginer des quais pour toutes et tous, habitants, jeunes et vieux, travailleurs, commerçants, visiteurs…

Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’amélioration de la qualité de vie à Strasbourg. C’est aujourd’hui que commence l’utopie de la ville de demain ! »