Discours contre la pollution de l’air de Meike Westerhaus
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Discours tenu lors de l’action d’EELV contre la pollution de l’air, le 6 août 2015 à Strasbourg

 

Au nom du groupe local d’Europe Ecologie/ Les Verts Strasbourg, je vous souhaite la bienvenue dans un des endroits les plus pollués de Strasbourg !

Aujourd’hui, nous avons la chance de respirer un air de qualité moyenne – ce qui est plutôt exceptionnel si près de l’autoroute, au centre de Strasbourg.

 

Pollution de l’air à Strasbourg

 

Mais commençons par les bonnes nouvelles :

En Alsace, la pollution atmosphérique a globalement baissé ces 20 dernières années, entre autres grâce à la désindustrialisation, comme par exemple la fermeture de la raffinerie de Reichstett.

Cependant, la pollution reste très élevée près des grands axes routiers, notamment en ce qui concerne la concentration en particules fines. Ces grands axes routiers, ce ne sont pas que l’A35, mais aussi la route du Rhin, la route de Schirmeck ou l’avenue des Vosges – la pollution élevée concerne donc un grand nombre de riverains.

Cette année, le niveau de recommandation en particules a déjà été dépassé 39 jours – les seuils limites sont pourtant loin d’être ambitieux.

Cela signifie 39 jours où il était déconseillé aux personnes sensibles de se déplacer le long des axes routiers et de faire du sport. 39 jours où les petits enfants, personnes âgées, femmes enceintes et asthmatiques devaient au mieux rester chez eux – tandis que les véhicules continuaient à rouler.

Avec ce grand nombre de pics de pollution et une concentration généralement élevée de particules fines, Strasbourg fait partie des 15 villes françaises trop polluées selon les normes européennes.

La pollution coûte 100 milliards d’euro à la France et – bien pire – tue prématurément plus de 42.000 personnes, tout ceci par an. Combien de ces morts sont Strasbourgeois ?

Il est urgent d’agir…

 

Mesures de la ville

 

Et justement, la ville de Strasbourg agit sur certains problèmes. Elle vient d’annoncer de nouvelles mesures d’urgence en cas de pics de pollution.

Parmi ces mesures, la ville prévoit de réduire de 20 km/h la vitesse maximale sur les autoroutes et grands axes en dehors de l’agglomération quand la pollution monte au dessus d’un certain niveau.

Déjà avant, la ville avait mis en place des tickets de tram et bus à tarif réduit les jours de pics de pollution.

EELV Strasbourg est rassuré que la ville prenne des mesures d’urgence concrètes.

Or, il s’agit là de mesures ponctuelles, qui n’agissent que sur le court terme. Et comme le rappelle un médecin du collectif Strasbourg respire, la pollution ne tue pas seulement pendant les pics. Elle tue surtout lentement, après une exposition continuelle aux particules fines, année après année.

C’est pourquoi il est primordial de ne pas se contenter de mesures d’urgence. Il faut résolument agir sur le fond du problème.

Et en ville, ce problème est en grande partie dû à la circulation automobile.

 

Mesures proposées

 

Comment peut-on donc agir concrètement contre la pollution de l’air, ici à Strasbourg ?

Comme nombre d’acteurs de la société civile, EELV Strasbourg demande en premier lieu un réseau de transports en commun dense et proche des services du quotidien (crèches, commerces, P&R).

Le tram est un très grand succès. Il doit être étendu aussi tôt que possible, notamment vers Koenigshoffen.

Les bus circulant en voie propre ne restent pas bloqués dans les bouchons et sont de ce fait une bonne alternative à la voiture individuelle pour tous ceux qui se rendent à Strasbourg pour le travail – et qui contribuent actuellement à la pollution et aux bouchons des heures de pointe.

De plus, on doit changer le comportement des automobilistes. Trop d’entre eux prennent leur voiture seuls. Il faut inciter les gens à choisir le covoiturage et l’autopartage, par exemple en baissant le prix de ce dernier.

En attendant ces changements, en ville il faudrait fluidifier la circulation. A chaque arrêt, les véhicules redoublent leurs émissions des gaz toxiques. Il pourrait aider de suivre l’exemple allemand en coordonnant les feux tricolores.

 

Cependant, la voiture devra céder encore plus de place aux piétons et aux vélos. L’Alsace est la région française avec le plus de kilomètres de pistes cyclables, mais en ville les cyclistes doivent trop souvent se frayer le chemin entre les autos et les piétons – au grand dam des deux. Il faut développer les pistes cyclables à l’écart des voitures.

La chaussée devra être réservée en priorité aux transports en commun, livraisons par des camionnettes à moteur électrique et aux cyclistes.

En plus des mesures citées, il existe un grand nombre d’autres solutions concrètes qui sont proposées par des collectifs et associations comme Strasbourg respire et ASTUS.

Elles sont pour la plupart déjà mises en œuvre dans d’autres pays, voire d’autres villes françaises. Je vous en donne encore trois exemples :

  • On pourrait limiter l’accès en ville des véhicules très polluants ou roulant au diesel.
  • Une autre solution facile à mettre en place serait de réduire la vitesse maximale en ville à 30 km/h – non, avec des feux intelligents, cela ne veut même pas forcément dire qu’on arrive moins vite qu’avant. Même après le résultat négatif du référendum sur les zones 30, les quartiers ont la possibilité de demander cette réduction de la vitesse.
  • De plus, on pourrait créer un ticket unique train et tram, et développer le tram-train dans la vallée de la Brûche.

Ajoutons qu’il faut se méfier des fausses solutions comme le Grand Contournement Ouest, qui n’entrainerait qu’une réduction insignifiante du trafic sur l’A35 et détruirait beaucoup de précieuses terres arables.

 

Niveaux régional et national

 

Idéalement, les mesures locales et départementales citées jusqu’ici devraient être soutenues par des actions aux niveaux régional et national.

La mise en place de l’Ecotaxe en Alsace serait une mesure de bon sens pour faire baisser le trafic de camions, qui est très polluant. Actuellement, les camions évitent les autoroutes allemandes – qui sont payantes – en passant par l’Alsace, aggravant ainsi la pollution de l’air. Non seulement l’Ecotaxe réduirait la pollution, mais elle permettrait aussi de remplir les caisses de l’Etat destinées aux nouveaux modes de transport. EELV est très favorable à une expérimentation en Alsace-Lorraine de l’Ecotaxe, même après l’abandon du projet au niveau national.

Deuxièmement, la subvention du diesel doit cesser. Les émissions de diesel sont cancérigènes. L’Organisation mondiale de santé le reconnaît, le Japon l’a déjà interdit complètement. Même les véhicules diesel les plus récents émettent trop de particules fines. Malheureusement, Ségolène Royal a récemment exclu de baisser les subventions du diesel en France.

 

Vu l’inaction au niveau national, il devient d’autant plus important d’agir localement.

 

Les constats sont là, de nombreuses solutions existent, alors qu’attendons nous ?

 

Meike Westerhaus, animatrice d’EELV Strasbourg.

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